TOUR DE FRANCE CYCLO 2025
Christelle et Claude
15 Juin au 5 juillet 2025
3000 km et 30 000 m D+
Comment nous nous sommes décidés ?
Un jour, je reçois un mail de la FFV sur l’organisation du tour cyclo. Je me dis que ça serait un beau cadeau d’anniversaire pour mes 70 ans. Dans la nuit, je cogite et le matin, ma décision est prise, je propose à Christelle de tenter l’aventure en tandem. C’est complètement fou, vu la distance, le dénivelée et son manque d’expérience sur longue distance, mais… je lui propose, … et elle accepte immédiatement! Je lui demande de bien réfléchir: C’est 20j de vélo ininterrompu, 150 km par jour et 30 000 m D+ ! Elle dit oui. Je me pose aussi la question sur mes capacités: Je n’ai jamais fait un truc pareil. Mais relever des défis, se mettre en danger, j’aime bien ! Et c’est donc parti pour ce pari fou: 20jours de vélo avec juste un jour de repos au bout de 10j.
Quelques chiffres et informations:
52 participants / 7 femmes / 4 bénévoles (Jean Pierre / Chantal / André / Eric )
6 participants de l’île de la Réunion et un belge
Beaucoup des participants étaient des diagonalistes, Parisbrestois, anciens du tour de France ou du du cycl’Europe.
Des chasseurs de BCN / BPF (Daniel, Michel et Marc )
Des chasseurs de cols (Daniel)
Beaucoup de participants sont réellement des vétérans (moyenne d’âge 65 ans), mais avec beaucoup d’expérience
2 tandems (1 couple de 70/71 ans et nous)
3 VAE dont 2 utilisés par des participants de 75 ans
L’organisation fut quasi parfaite tout au long des 20 jours malgré une canicule particulièrement sévère. La première de cette année 2025. Nous avons vraiment joué de malchance.
La plus grosse difficulté fut certaines parties du parcours. En particulier, la RN12 après Fougères fut le pire moment. Cela m’a rappelé mon Paris Brest Paris de 1975: 2 morts, fauchés par un camion au lever du soleil… presque dans les mêmes conditions que nous en 2025, soit 50 ans plus tard! Heureusement, pour nous, aucun souci !
Nos 20 étapes :
Dimanche 15 juin Albi-Cahors 145 km / 1250 m D+
Départ ce matin d’Albi. Nous n’y sommes pas! Hier, on a eu une journée de galère totale avec la voiture. La veille à 21h, nous étions encore à Cahors, ville arrivée de la 1ère étape. On a donc décidé d’y rester et d’attendre le lendemain. Donc pour nous, le tour ne démarrera que le lundi matin. Par contre, on devra finir une journée plus tard, puisqu’il faudra bien revenir à Cahors chercher la voiture, garée près de la gare. Enfin ça, c’était le plan de ce dimanche!
Lundi 16 juin – Cahors – Ribeirac 172 km, 1550m D+
Notre première « 2 ème étape » (suite à notre galère en voiture de samedi). Partis à 7h30 pile à 52 personnes dont 2 tandems. On décide de rouler ensemble avec l’autre tandem, un couple charmant de Caussade, Georges et Lucette, 70 et 71 ans, pratiquants depuis 25 ans. On va voir ce que ça donne …et miracle, on roule quasi à la même vitesse! La nuance est quand même dans le « quasi ». Georges roule un tout petit peu plus vite. On devrait donc rouler pas mal ensemble. On a donc fait 172 km à 23 de moyenne. Tout s’est bien passé à part une double crevaison du tandem de Georges/Lucette en haut d’une bosse « gratuite » de 17%, un joli petit cadeau de notre organisateur, lié à des « erreurs » sur la trace. Déjeuner pris sous une halle de marché à La Douze. Traversée pénible de Périgueux. Super paysages, surtout ce matin. Après midi un peu chaude à 27deg. Arrivés bien fatigués. Les 2 tandems arrivent ensemble. Le groupe est scindé en 2 à l’arrivée, les possibilités d’hébergement étant limités. Nous sommes logés dans un parc constitué de petites maisons à 4 par maison. Repas pris tous ensemble sur une seule grande table. Moment de convivialité bien sympa!
Mardi 17 Juin Ribeirac – Rochefort ; 180km, 900 m D+
Etape de 180km et un peu moins de D+ qu’hier! Il fait déjà très chaud au moment de notre départ ! 17 deg à 7h30, 26 à 10h00 et 30 cet après-midi. Christelle en pleine forme et moi HS! La chaleur ne me convient pas, c’est bien connu. Heureusement que nous avons roulé avec le 2eme tandem! Le midi, déjeuner chez un producteur de cognac et de pineau que Jean Pierre connaît bien. Le local est une vieille bâtisse abritée de la chaleur qui nous convient bien. La fin de l’étape nous a permis de franchir l’estuaire sur un pont transbordeur. La plateforme sur lequel nous sommes installés se déplace au dessus de l’estuaire grâce à un portique et des câbles. J’étais déjà venu il y a quelques années visiter ce pont lors d’un relais, mais il était en restauration.
Mercredi 18 juin Rochefort – Challans ; 154 km 800 m D+
On roule en Vendée! Et en Vendée à vélo, c’est plat. Bref, pas grand-chose à dire! Suivre l’autre tandem m’oblige à rouler un plus vite que ce que je souhaite. Allons nous pouvoir continuer?
Jeudi 19 juin Challans – Ploërmel 173 km 1190 m D+
Suivre le tandem Georges/Lucette n’est finalement plus une très bonne idée! Leur départ est lent, mais ils nous rattrapent vers le 20 ème km. A partir de là, nous sommes toujours en légère surchauffe, de pas beaucoup, mais suffisante pour nous mettre dans le rouge! Mais c’est encore trop. Nous avons eu la chance lors de cette étape de traverser la Loire en bac. Expérience cool qui m’a rappelé des souvenirs de flèches et relais. A St Gildas des Bois, au moment du déjeuner, à cause de l’effort et de la chaleur, je me sens mal, très mal. Jean Pierre qui ne me connaît pas depuis longtemps a tout de suite compris. Il m’est impossible de repartir mentalement et physiquement. Je me sens vide. En vélo, ça se gère, en tandem, nous sommes 2 ! Je réalise ma responsabilité d’être 2 et de voir tout s’écrouler. Heureusement, Jean Pierre veille et trouve la solution. Ça sera le fourgon pour que je puisse me refaire une santé. L’hôtel de Ploërmel est vraiment super, le plus agréable de toutes nos étapes. Visite de Georges et Janice qui n’habitent pas très loin. Christelle avait bien senti que je n’allais pas bien, c’était la première fois qu’elle me voyait dans cet état. Je l’avais prévenu avant le départ que ça arriverait! C’est vraiment notre première étape où nous avons dû être forts dans la tête !
Vendredi 20 juin Ploërmel > Quimper 149 km 1290 D+
Ce soir, on est à Quimper et là encore journée très dure ! Le parcours était magnifique ce matin et monotone l’après midi. Beaucoup de vallons ! Demain on traverse la Bretagne vers Morlaix en passant par Brest. Ça va me rappeler des bons et des mauvais souvenirs! Christelle pète le feu , moi, beaucoup moins. Vivement que cette canicule s’arrête! 3 rayons cassés sur la roue AR du tandem, heureusement vite réparés chez un vélociste très sympa lors de notre déjeuner à Plouët! J’avais emmené des rayons de rechange, heureusement ! C’est sur cette étape que nous avons atteint les 75km/h, record absolu sur une route loin d’être parfaite ! Matin, parcours admirable, mais l’après midi ce fut monotone, même dans le fourgon. Météo lourde et chaude. Quand cette chaleur va t’elle s’arrêter?
Samedi 21 juin Quimper – Morlaix par Brest 134 km 1970 m D+
Nous passons par Brest! Le parcours reprend la trace du Paris Brest. Nous passons par le pont A Loupé, le symbole ! Arrêt et prise de photos obligatoire sur la magnifique baie de Brest. Puis traversée de la baie et de la ville, avec la montée vers le lieu du contrôle de Brest, l’endroit où l’on retourne le vélo pour repartir vers Paris. Que de souvenirs! Puis, on sort de Brest, direction Morlaix et donc le nord de la Bretagne. Parcours bien sympa jusque Brest avant le déjeuner à Guipavas.
Dimanche 22 juin Morlaix – Loudéac 130 km 1580 m D+
L’anecdote du jour fut notre gamelle à Carhaix, un des haut-lieux du Paris Brest. J’ai voulu suivre l’autre tandem sans mettre le pied à terre, lors d’une manœuvre hasardeuse. Heureusement aucun bobo. Toujours à Carhaix, on a pu admirer les statues des 4 héros bretons du tour : Lebreton, Robic, Bobet et Hinault. Franche rigolade avec Marco le régional de l’étape devant ces statues. Lors d’un arrêt pipi, Christelle appelle le 112 par inadvertance. Pas facile de leur expliquer que c’est une erreur. Marco a roulé un bon moment avec nous, ce fut bien agréable !
Lundi 23 juin Loudéac – Fougères 130 km 1020 m D+
La fatigue s’installe. Reprendre le tandem tous les matins pour faire entre 130 et 180 km fini par devenir usant. Nous attendons tous, la journée de repos du Mans. Pour Christelle, elle va pouvoir passer une partie de la journée avec Jeremy et Sahara, sa fille. Elle a hâte. Un cyclo que l’on croise s’arrête pour nous applaudir. Ce n’est pas courant! Nous sommes interviewés par un journaliste de Ouest France lors de notre déjeuner au village de Dingé. Ce fut un interview cool. L’arrivée se fait en traversant la cité de Fougères, superbe avec au final une bosse à 20% que nous avons monté à pied, car je me suis arrêté en bas. Pas envie de prendre le risque d’une redémarrage dans ces conditions. Superbes églises. On est maintenant en Normandie !
Mardi 24 Juin Fougères – Arnage (le Mans) 135km 1310mD+
Dès la sortie de Fougères, nous nous sommes retrouvé sur la RN12 pendant 40km. Camions, soleil de face, ornières sur les côtés de la route, cela m’a rappelé les souvenirs du PBP de 1975 avec ses 2 morts! Ce fut d’ailleurs la dernière fois que le PBP a roulé sur la RN12! Heureusement, il n’y eut pas d’accident pour les 52 participants. Les locaux ont pris une route parallèle qui n’a rallongé le parcours que de 10-15 km. Malheureusement, l’info n’a pas circulé! Toujours les arrêts « spéciaux » de notre tandem « accompagnateur »! Ensuite, petites routes cool jusque Ste Suzanne, atteint vers 12h30, après un saut de chaîne inexpliqué. Il nous a valu une bonne frayeur, étant seuls sur une route fréquentée sans possibilité de garer le tandem dans un endroit sécurisé. Heureusement un groupe de participants nous a permis de se mettre en sécurité et effectuer le dépannage. Merci à eux! Château, village médiéval très joli, avec visite du château. L’après midi fut infernale; Vallons, chaleur, ZI du Mans avant de rejoindre l’hôtel près d’un lac et d’un centre commercial pour notre journée de repos. Nous étions dans le fourgon pour l’après midi. Trop dur pour nous !
Mercredi 25 Juin Le Mans – Le Mans 0km 0m D+
Repos à l’hôtel. Le matin, visite à la pharmacie du centre commercial pour commander des plaques de seconde peau, (souci au niveau de mon postérieur!) puis baignade dans le lac. La famille de Christelle est arrivée un peu avant midi de Coupvray. Déjeuner ensemble puis l’après midi, repos dans la chambre d’hôtel pendant que Christelle et sa famille passaient l’après midi près du lac. Christelle, ainsi que sa fille ont beaucoup apprécié cette journée ; Un bain d’oxygène! En soirée, le T Punch de nos amis réunionnais fut un bon moment de convivialité ! Le rhum venait de la Réunion, apporté dans leurs bagages! Merci à nos amis qui ont été tout le long de ces 20j d’une gentillesse à toute épreuve.
Jeudi 26 Juin Le Mans – Loches 137km 1040m D+
Le début fut vraiment cool. On a roulé sur une partie du circuit. Ce n’était évidemment pas le Bugatti, réservé au voitures, accessoirement aux vélos pour les 24h. Là, c’était la partie ouverte! Le reste de la journée fut monotone!
Vendredi 27 Juin Loches – Guéret 166km 1565 m D+
On a roulé le matin. Relativement plat jusque Argenton sur Creuse et beaucoup plus valloné l’après midi. De nouveau, plusieurs sauts de chaine inexpliqués. On décide de changer les vis de fixation de l’excentrique du pédalier AV, car peut-être un peu courtes. Une fois le changement effectué, le souci a été réglé. Le soir, je fais les courses avec Jean Pierre pour l’eau dans un supermarché pour les pro. On dévalise le rayon eau, alors que la canicule fait rage. Les participants arrivent exténués pour la plupart! Bonne décision de monter dans le fourgon. L’alerte de la journée fut avec Christelle. Quand la route est longue, droite, interminable, elle craque non pas physiquement, mais psychologiquement car nous ne parlons pas suffisamment. Il n’y a rien à voir, je me replie donc sur moi-même! Une bonne leçon pour moi pour le futur, en particulier les Pyrénées!
Samedi 28 juin Guéret – Issoire 175km 2350mD+
On avait 107 km jusqu’au déjeuner à Gelles ( même s’il fait plus de 30 deg!). La température est déjà de 20 deg à 7h30 et il y a beaucoup de D+ pendant cette longue journée. Nous sommes dans les contreforts du massif central! On a laissé partir le tandem vers le km 30, car on voulait rouler à notre rythme. La différence de vitesse n’était pas très importante, mais usante sur le long terme. En plus, nous les pénalisons car eux roulent tous les après midi. On roule tranquillement en se mouillant beaucoup et en buvant. Christelle apprend à me mouiller la bandana et la nuque sans le moindre arrêt. Mes poches AR lui servent de réserve d’eau et de nourriture. Un vrai supermarché! On arrive vers 13h50 au déjeuner. Florence, malade reste dans le fourgon avec nous. Le fourgon Jean-Pierre remplace le fourgon Eric au ravito eau de l’après midi. Jacques Carpentier et Maryvonne sont en difficulté et arriveront vers 18h30. Le soir, hôtel Ibis Budget nul (Ils n’acceptent pas de vélo dans les couloirs) et le resto à 200m de là, est également nul (service trop long et qualité moyenne. Ils ont failli en venir aux mains!)
Dimanche 29 Juin Issoire – Langogne 155 km 2385 m D+
Nous prenons maintenant l’habitude de rouler plus ou moins avec les autres vélos au départ, puis le tandem nous rattrape. Ensuite quelques km ensemble et à partir de là, nous sommes le plus souvent seuls. Jean-Pierre nous attend pour nous signaler une portion de gravel. Ce fut le cas à plusieurs reprises. Openrunner réserve quelques surprises. Il a l’air désespéré et nous devons le soutenir moralement, eheh ! Ensuite, montée d’un col de 11km, le premier pour Christelle. Ce fut très dur à cause de cet ennui qui la taraude. Il n’y avait absolument rien à décrire, que des arbres à gauche et à droite! Et n’étant pas expert en la matière … ! Et même pas de panneau en haut, malheureusement. Nous avons juste fait un selfie. J’ai eu beau essayer de parler, ce ne fut pas suffisant. Arrosage copieux lors de la descente dans une abreuvoir. Je viens de trouver une nouvelle fonction à mon camelback. Quand on le trempe dans l’eau, il vous rafraichit le dos pendant quelques minutes, malheureusement pas assez longtemps ! Il fait vraiment très chaud et le déjeuner est encore loin. Je tel à Jean Pierre pour lui annoncer notre retard et que nous ne pouvons que rouler lentement. Puis nous essuyons ensemble une belle défaillance par 30 deg+ en plein soleil. Je lui tel à 15 km du déjeuner environ pour qu’il vienne nous chercher. Pas le choix ! Ce jour là, il y eu beaucoup de défaillances, les 3 fourgons sont pleins! Le soir, super hôtel familial dans le centre de Langogne. Le service fut rapide et cool et tout était délicieux. Issoire n’est plus qu’un mauvais souvenir !
Lundi 30 Juin Langogne – Montpellier 169 km 1650m D+
Ce fut l’étape la plus dure pour tout le monde. Départ à 8h, trop tard mais lié à l’hôtel, avec déjà de la chaleur et une belle bosse dès le départ. Puis de bosses en bosses, montée du col de Thort à 1135m (photos avec Christelle). Descente superbe vers le lac de Villefort. Traversée de Villefort avec arrosage fontaine au pied de la bosse. Puis des bosses, encore des bosses. Peu avant le déjeuner, dans une bosse à 10 % de plusieurs km, en plein soleil et avec beaucoup de voitures, Christelle fond en larmes peu avant St Martin de Valgalgues, notre déjeuner. Mais elle se reprend très vite et à force d’encouragements, nous atteignons le sommet sans mettre le pied à terre. Au déjeuner, nous fondons de nouveau en larmes, trop d’émotions. Bien entendu, fourgon pour nous l’après midi. Celle-ci sera terrible pour tout le monde. 46 deg ont été relevés par les GPS sur la piste cyclable entre Alès et Montpellier. Xavier prend un coup de chaud, Marc Compagnon arrive HS mais résiste, tout le monde est occis. Hotel difficile à trouver dans la banlieue nord de Montpellier. Super paella et tarte tatin sur la terrasse. Demain, enfin un départ à 6h00!
Mardi 1er Juillet Montpellier – Rivesaltes 163 km 1240m D+
Nous avons bien roulé sur cette étape. Le départ fut à 6h ce qui bien sûr, nous va bien. Beaux paysages dès le début de cette étape. Daniel nous a induit en erreur dans Narbonne, un peu de confusion pour trouver la sortie. L’après midi ce fut fourgon sur une route sans intérêt. Quelques défaillances compréhensibles, les personnes n’ayant pas encore récupéré de l’étape d’hier (Xavier/Armand ). A noter: pas de défaillance chez les femmes. Maryvonne, Joelle, Christiane, Caroline roulent. Seule Florence, victime du Chikungunya avant le départ de la Réunion, connaitra quelques défaillances. Les vignobles sont partout.
Mercredi 2 Juillet Rivesaltes – Ax les thermes 130km 2870 m D+
Ça y est, nous attaquons les 3 étapes des Pyrénées. Nous en parlons depuis le départ, là nous y sommes! Nous décidons de changer: Fourgon le matin afin de permettre à Christelle d’effectuer son premier col à 2000 m; Paysages somptueux le matin sur les « chemins partagés » au milieu des vignobles. La route est en direction de Foix. Vu les jarres de vin de Banyuls exposées en plein soleil pour maturation. Tout simplement superbe! Puis une superbe montée vers le col du Garavel avant de redescendre par un petit chemin vers Escouloubre pour le déjeuner dans une superbe salle. Dommage d’avoir effectué cette demi-étape dans le fourgon. Mais sinon, ça aurait été vraiment dur. Christelle appréhende, car pour elle, un col, c’est long. Vitesse faible, effort important, je parle moins car pour moi aussi, l’effort est important. Elle se replie donc sur elle même! Préparation du tandem pour attaquer le col de Pailhère à 2001 m. Nous nous « échauffons » dans le col des Moulis, puis longue descente jusqu’au début du col de Pailhère. Photo en bas du col avant de l’attaquer. 15 km annoncés, en fait 17 km! Et pour Christelle, c’est important, elle a besoin de savoir! Montée d’abord vers 5-6 % puis 7-8, puis 10-11 %. Nous nous arrêtons 2 ou 3 fois pour admirer les paysages et profiter du moment présent. Au moment précis où Christelle perdait un peu pied (4 km du sommet), André et Chantal sont arrivés; Hasard ou destin ? Une canette de coca, quelques blaguounettes, photos, sourires, échanges et c’est reparti! Fou rire dans la montée à 9%. Dur dur de faire monter ce satané tandem en rigolant! La pluie s’invite à 2 km du sommet, au début des alpages. On a fini au sprint sous l’impulsion de Christelle, ravie de finir son premier 2000, à 2001m exactement! On se réfugie dans un abri où d’autres participants du tour, déjà arrivés, l’applaudissent. Chaud, très chaud au coeur! Nous repartons au bout de 15-20 mn. Descente plus que tranquille au début (route mouillée), puis plus rapide (74 km/h) jusqu’Ax les thermes où, pour la première fois, nous nous arrêtons dans un café, boire un coup. Nous dormons à Ax, dans un centre de vacances à 4 dans chaque chambre.
Jeudi 3 juillet Ax les thermes – St Girons 114km 2330 m D+
Là aussi, nous décidons de ne rouler que l’après midi. Déjeuner à Saurat avec un accueil royal du Codep local. Nous mangeons sous un barnum et avec un plateau repas plus que copieux (canard) et délicieux devant l’église. Interview par une jeune journaliste de la Dépêche qui pensait que Christelle roulait seule grâce aux «nouvelles technologies». Bref, on oublie! Départ vers le col de Port au milieu d’un panel de dames. Troublé, j’en oublie mon camelback sur un banc en pierre, vite récupéré par Chantal. Fou rire (un de plus) au panneau du pied du col. Monté tranquillement sans s’arrêter jusqu’en haut. Nous avons maintenant pas mal d’expérience et c’est beaucoup plus facile. En haut, café avec Caroline. Descente vers St Girons. Au début, pente sympa puis la route pas mal fréquentée devient pénible. A un carrefour, la trace part vers « St Girons par les tunnels ». Je décide de partir direct. Bien m’en a pris, Gérard tombe à l’entrée du premier tunnel non éclairé. 3 ligaments déchirés. Avant d’arriver à l’hôtel, on a essayé une glace au Mac Do mais machine HS. Tant pis, ça sera une boisson. Nous sommes dans un hôtel, 2 villages après St Girons. Le diner fut très bon. Le groupe est séparé en 2 pour la troisième fois.
Vendredi 4 Juillet St Girons – St Gaudens 151 km 2500 m D+
Parcours allégé, car beaucoup de fatigue dans le peloton. L’étape de Montpellier plus les Pyrénées ont laissé des traces. Une trace GPS permet de ne pas monter le Portet d’Aspet, le col où se trouve la stèle de Casartelli, décédé en 1995 lors d’une chute. (stèle vue lors de notre traversée des Pyrénées avec Alain) Nous décidons également de by-passer Bagnères de Luchon, puisque les 2 traces AR sont distantes de seulement 2 km. Certains ont fait également le col du port de Balès à la sortie de Luchon. Pour nous, 2 cols ( Buret et Ares de 6 km). Bien montés sans un seul arrêt. Descente tranquille jusque la RN125, direction Luchon, puis on tourne à droite pour retrouver la trace de retour, direction St Gaudens. Arrêt à un boulanger pour sandwich et Mac Do pendant 1 h pour déjeuner, glace et boisson. On prend la direction de St Gaudens, mais mauvaise pioche, on n’est plus sur la trace. On reprend la trace un peu plus loin et on finit tranquilles sur une superbe piste cyclable. Hôtel près de la collégiale, très jolie à l’ intérieur. Georges, avec son magnifique BH électrique, a touché une roue. Ça sera une gamelle et comme il n’est plus vraiment en forme, ça sera fourgon! Les 2 personnes blessés sur le tour ont 75 ans et se sont blessées la 3ème semaine!
Etant arrivés tôt à St Gaudens, j’ai initié Florence et Chantal au tandem dans les rues du centre ville. Elles ont beaucoup aimé (« truc de Ouf »!). Florence voudrait essayer de faire du tandem à la Réunion.
Samedi 5 Juillet St Gaudens – Albi 177 km 1560 mD+
La dernière étape, enfin et déjà! Emotions partagées pendant ce moment. Est on heureux d’en finir, tristes de devoir se séparer? Notre choix pour cette dernière étape est de tenter de faire les 180b du parcours, car les fourgons sont pleins. Le déj est à 110 km du départ à Ste Foy d’Aigrefeuille. Après le départ, on se retrouve rapidement seuls. Beaucoup de mini erreurs de parcours par inattention de ma part, la plupart du temps. Le tandem roule bien jusqu’au km 70, car c’est plat! Et là … ça commence! Bosses courtes ou longues, pentues ou moins pentues. Arrêt vers 11h dans une boulangerie pour se requinquer. Bosses après bosses, nous arrivons au déjeuner. Je suis en bonne forme, Christelle aussi. Jean Pierre, qui connaît parfaitement la région, nous conseille de prendre le fourgon jusqu’à 25km d’Albi, conseil que nous suivons avec raison car le toboggan n’arrête jamais. Tous ceux qui l’ont effectué, l’ont trouvé horrible! Eric nous lâche donc à 25km d’Albi. Nous roulons sur un toboggan ininterrompu et entrons dans Albi par une longue descente. Nous trouvons enfin la pancarte. On en a rêvé et on l’a fait! Photo « pancarte » effectuée par 2 djeuns qui passaient par là et qui n’ont pas compris ce que nous venions de faire. Petit coup à boire en centre ville avant l’hôtel. On sent que ça y est, le relâchement a déjà commencé! Sensation étrange! Hôtel, visite de la cathédrale d’Albi, magnifique, classée au patrimoine mondial (construction en briques). Dernier hôtel, douche, cérémonie à la mairie, repas de clôture à l’hôtel en présence de Lydie Chenot, présidente de la FFV. Puis dodo. Clap de fin! Maintenant retour à la vie civile après cette magnifique parenthèse de 20 jours. Les adieux seront difficiles pour tout le monde. Que de souvenirs, d’émotions, d’efforts, de moment de joie, de détresse. Nous ne le referons pas dans 2 ans, nous voulons rester avec nos souvenirs emmagasinés pendant ces 20 jours. Mais je conseille à tous ceux et celles intéressées de se lancer, en sachant que ce n’est pas une aventure facile. Le prochain en 2027 s’élancera de l’Est de la France.
Quelques faits, impressions et chiffres:
- Le départ est donné tous les jours à heure précise. Tout le monde était prêt 2mn avant l’heure de départ. Aucun retard! Appréciable ! Et nous avons tous apprécié le briefing du matin par Jean Pierre: Bonne humeur, précis et concis, tout ce que nous attendions !
- L’équipe de choc Chantal – Christelle fut un plaisir pour les 2 et pour nous tous. Chantal a pris très à coeur son rôle de « nounou » en dehors du tandem. C’était un vrai plaisir de les voir toutes les deux!
- Ma selle Brooks cuir de plus de 30 ans a vraiment mal vieilli pendant ce tour. Le cuir a fini par se déchirer au niveau des rivets à l’avant de la selle. Mais elle a finalement tenu. Ouf ! C’était son dernier voyage, elle a maintenant droit à une retraite bien méritée !
- J’ai dû supporter une grosse plaie au niveau de mon postérieur dès le 2ème jour. Ce fut donc une alternance de seconde peau et de pommade pendant tout le tour, ..ainsi que pas mal de douleurs… !
- Nous avions envisagé qu’il pourrait exister par moments, une certaine tension entre Christelle et moi. Que nenni! Il y a eu des moments difficiles et même très difficiles, mais à aucun moment de la tension. Ce ne fut que fou-rires, prises de décision, discussions, silences (pas souvent, eheh!). Quel moment « hors du temps » que ces 21 jours pour nous 2!
- Tous les jours, nous avions droit à un ravitaillement en eau par Eric au km 50 le matin plus un ou 2, l’après midi! Ces arrêts étaient vraiment les bienvenus ! Eric a dû quelquefois attendre longtemps notre tandem! La gestion de nos bagages ne fut pas toujours une partie de plaisir. Merci à lui !
- André, organisateur des déjeuners en relation avec les Codeps, et chauffeur du fourgon frigo nous a superbement aidé à récupérer et vivre des moments intenses avec nos bénévoles du jours des différents Codeps. Merci à lui également !
- Ce fut une superbe aventure sportive bien sûr, mais comme le défi Lyon Coupvray, une aventure humaine. Au début une certaine gêne pour les participants ; Comment se comporter avec une non-voyante? Mais très vite, la gentillesse et la bonne humeur de Christelle ont mis tout le monde d’accord. Elle est devenue le cœur battant de notre groupe, attirant la bienveillance et l’attention de chacun. Je remercie bien évidemment Chantal pour son dévouement: Organisatrice le jour et nounou de Christelle, tous les soirs et tous les matins, ainsi qu’à la pause déjeuner. Jean Pierre, en tant qu’organisateur, a eu pendant ces 20 jours un regard bienveillant et attentif sur tout le monde, mais particulièrement sur nous! Chantal et Jean Pierre ont aussi pris la décision immédiatement de nous accueillir sur le tour, dès notre premier contact. Pour cela, nous ne les remercierons jamais assez !
- Beaucoup d’échanges surtout au début, sur l’histoire de notre tandem: L’histoire de Christelle, notre rencontre, le défi Lyon Paris, notre présence sur le tour.
- Nous n’avons pas effectué tout le tour en tandem. Mais est ce si important ? Nous avons roulé tous les jours, au moins une demi-journée. Nous avons effectué environ 2400 km sur les 3000 du parcours. Nous avons dû composer avec cette canicule extra-ordinaire qui s’est abattue sur la France, juste au mauvais moment.
- Nous avons vécu, Christelle et moi, des moments de joie très intenses (fou rires, même dans les montées de cols, échanges sur le vélo) et de détresse (pleurs de chacun d’entre nous). Nous avons surmonté tous ces moments pour ramener notre tandem jusque Albi. Ce fut dur, très dur par moments, mais quelle délivrance à la fin de ces bosses interminables de découvrir le panneau final!
- Nous n’avons eu pendant ce tour aucune douleur importante. Je m’attendais à des crampes, des douleurs de dos, de genou ! J’avais une pharmacopée importante. Rien n’a été utilisé ou si peu! Par contre la consommation de seconde peau fut impressionnante !
- Côté technique, aucune crevaison, 5 rayons cassés sur la roue AR et les 2 vis de l’excentrique ont été remplacés. J’ai aussi remplacé les plaquettes de frein au Mans par prudence. C’est tout!
- J’avais emmené mes sandales, juste au cas où! A part les deux premiers jour, je n’ai roulé qu’avec elles. Heureusement que je les avais prises!
- L’année prochaine, nous avons déjà des projets : La semaine fédérale en Mayenne devrait être un objectif. Il sera très en dessous du tour au niveau physique. Mais cela nous va bien, très bien même!
- Pour compenser la difficulté que j’ai eu pour manger avec la chaleur, surtout au début, j’ai bu tous les jours un flacon de Fortimel ou équivalent. Cela correspond à presque un repas! Avis aux amateurs !
- Nous avons été choyés par nos GO ! Si l’on excepte Issoire, nous n’avons que des compliments à faire concernant les choix des hôtels, des restaurants et des traiteurs pour les déjeuners en relation avec les CODEPs locaux. Tout s’est toujours magnifiquement passé.
Et maintenant, nos sentiments après ce tour;
Ce tour cyclo fut bien entendu une très belle aventure physique, mais surtout et comme toujours, une magnifique aventure humaine qui restera gravée dans nos souvenirs pour très longtemps. Cette expérience fut encore plus forte pour nous, vécue en tandem handisport! Je me rappellerai longtemps de notre première discussion tel avec Jean Pierre, quand je lui ai annoncé notre intention de le faire en tandem handisport et de ce que cela impliquait. Il a été immédiatement partant, malgré le risque qu’il prenait en tant qu’organisateur!
Notre préparation a été difficile, contrariée par des voyages et des agendas contraints. Je remercie les membres du club d’avoir aidé Christelle à se préparer à ce challenge. Nous n’avons pas fait le nombre de km d’entrainement souhaités, mais de toute façon, ..sommes nous réellement prêts un jour ?
Jamais, je n’oublierais ce tour de France, jamais! Que d’émotions ressenties, que de joies et que de pleurs. Que de rires avec Christelle et les autres participants, que dis-je de rires, je devrais dire de fou-rires. Que ce soit sur le tandem ou à l’hôtel. Attraper un fou-rire dans une bosse à 9 %, pas facile à gérer, surtout en tandem ! Eclater en sanglots lorsque vous arrivez à un déjeuner et que Jean Pierre vous regarde et comprend en même temps que vous, que vous ne pourrez plus repartir. Ça ne dure qu’une fraction de seconde, mais ça reste ancré dans la mémoire! Ce long récit n’est bien sûr pas exhaustif et ne reprend pas tout ce que nous avons vécu. Comment mettre des mots sur tout ce que nous avons traversé pendant ces 20 jours?
Claude et Christelle